Le Gang des Cordes !

Reçu de Roger Martin qui nous a rejoint !

Bonjour,
Elève de Mignet de la 11ème (1956 ou 57 ?) à la première (1966), je tiens à apporter deux précisions :

1) Lavigne, dit « Le Maître », dit « Le Puant », pion à vie sadique et malodorant n’était pas respecté mais craint car il a terrorisé des générations d’élèves.

Cependant, après un « complot » ourdi par les quatre élèves qui constituèrent en 1964 le « Gang des Cordes » à Mignet ( Gérard Ermine, René Jean-Pierre, Hervé Jobic et Roger Martin) et qui appartenaient tous à la 3 ème B 2 ( avec pour professeurs M. Portal en français, M . Pierretti en Histoire, Mme Battaglini – dont la poitrine généreuse nous inspirait une farouche ardeur au travail - en anglais…), complot qui débuta par l’attentat dit des « bombes à eau » et se termina par l’exclusion des dits conspirateurs, lesquels furent réintégrés quinze jours plus tard à la suite d’une vigoureuse campagne de parents et de professeurs (merci Monsieur Bernard !), l’autorité de Lavigne, dit « le Puant », en avait pris un coup dont il ne se remit jamais…



2) je ne me suis jamais considéré comme une célébrité, mais considérant la liste que vous avez fournie, je tiens à signaler que je suis ( entre autres) écrivain, et que j’ai publié une trentaine d’ouvrages, documents ( AmeriKKKa, Voyage dans l’Internationale néo-fasciste, Calmann-Lévy), romans noirs ( Skinheads, Calmann-Lévy), Jusqu’à ce que mort s’ensuive ( Cherche Midi, figurant dans l’actuelle sélection du Grand Prix des lectrices d’ELLE) , et scénarios de B.D. ( série AmeriKKKa, six volumes parus chez E.P. Editions/ La Martinière).



Au cas où cela vous intéresserait, je vous adresse la première initiative de l’offensive anti-lavignesque de 1964, qui commença par la diffusion à 50 exemplaires placés à divers endroits stratégiques du bahut et qui rencontrèrent alors un franc succès :





K (1) le louffeur Eut un jour très très peur !
Surpris par Satan (2) le flaireur

-il avait pété toute l’heure-

Il s’enfuit vers les cabinets

Pour s’empresser de vidanger les déchets

Qu’il avait emmagasinés !


Horreur ! Assis sur ses pattes de derrière

Se torchait un énorme mammifère !

C’était le compère Lavigne

Qui, obsédé par un besoin pressant

Lâchait des pets en se congestionnant… (3)


(1) K… : élève fayot et lèche-cul de la 3ème B 2

(2) Satan : surnom d’un pion particulièrement antipathique, inscrit à l’époque en Lettres Classiques à la fac, qui avait remplacé M. Portal un mois. Il était aussi surnommé « le roi du Gaffiot ». Le « Gang des Cordes » avait eu souvent maille à partir avec lui.

(3) la suite de ce chef d’œuvre a été perdue…


3) La saga lavignesque mériterait l’ouverture d’une section spéciale. Un des chapitres pourrait s’intituler : « Des motifs de colle… » .

4) Lavigne qui faisait presque office de surgé réécrivait en effet les motifs de colle donnés par les profs en des textes absolument surréalistes : cette année-là, l’élève Boisou eut droit à « Tente de forcer le barrage N°5 tenu par le maître Lavigne », Ermine à « Susurre et cancane intempestivement » et moi-même : « Tente d’hypnotiser le Maître… ». Et que dire de son espèce de redingote, des trois couleurs de ses cheveux, de l’atroce parfum à la violette dont il s’aspergeait, des annonces au Chasseur Français qu’il rédigeait en perme et surtout, surtout de la baguette dont il nous cinglait ( c’est à la suite d’un coup de baguette, que se mit en place le « complot »…)

Merci Roger et bienvenue parmi nous....
vite .. d'autres anecdotes .....
philippe

Bonjour
Je me souviens de ces études lugubres avec Lavigne puant mal rasé et son manteau sentant la pisse .
Je me souviens d'un jour qu'on ne peut pas oublier. Nous étions en classe d' histoire geo avec M. Merle qui tremblant , pâle avec une larme à l'oeil visiblement livide nous annonçà le décès de Lavigne espérant que son annonce succiterait tristesse et recueillement. Malheureusement nous êumes du mal à cacher nos mines réjouies ( a cet age on est cruel n'est-ce pas).Nous avons ri je l'avoue jusqu'aux larmes et avons tous été arroser cela sur le cours Mirabeau.

quand on est ado on ne réalise pas parfois la gravité de certaines choses

bonjour,
j'ai connu Lavigne pendant mes 3 ans de pensionnat (1951-1954) 6eme à 4eme. C'est vrai que son odeur (bonbons à la menthe à l'époque) sa veste luisante et ses cheveux poisseux en faisait une curiosité mais il ne nous faisait pas peur à l'époque, pas de baguette pour nous taper dessus. Bref il nous fichait la paix.
J'ai plutôt le souvenir d'autres pions dont un qu'on appelait "Ticou" et que nous allions vider de son lit la nuit lorsqu'il était de garde et d'"Andrieux" qui lui nous faisait peur et qui nous avait surpris en train de fumer dans le dortoir.
Lavigne! paix à ton âme!

De Bertrand Pector

Oh là là…que de haine si longtemps après…
J’ai côtoyé M.Lavigne de 1963 à1967…
Nos débuts ont été chaotiques, certes, mais j’ai rapidement découvert un être blessé et souffrant derrière cette armure repoussante dont il s ‘était armé.
Le silence au lycée était bien organisé, et je n’ai donc pas eu vent de ce « gang des cordes »
Cependant, un soir, en sortant d’étude, je dirais au printemps 1966, M.Lavigne m’a retenu une minute…il était violemment ému, au bord des larmes…
M.Pector, pouvez vous me dire ce qu’on pense de moi parmi les élèves ?
M.Lavigne, vous me mettez, dans la situation de Petit-Jean de l’ « Avare », Mais puisque vous me faites confiance, je le ferai aussi.
Il m’a été très pénible de lui décrire le personnage qu’il nous présentait…
Quelques larmes ont alors coulé de ses yeux rougis.
Non seulement je n’ai subi aucunes « représailles » de sa part, mais, depuis lors, quand je le croisais dans Aix, ses salutations étaient franchement chaleureuses.
Effectivement, lorsque j’ai appris son décès, et suis allé m’enquérir du lieu de sa sépulture, MM. Gueirard et Fabre m’ont dit que j’étais le seul élève à qui l’évènement semblait causer de la peine.
Aujourd’hui, avec tout de même 40 ans de recul, je pense que ce bonhomme énigmatique était surtout un laissé pour compte de notre société prétendument si solidaire, un naufragé de l’existence en quelque sorte.

Cordialement, Bertrand.

merci de ce témoignage Bertrand

Mr Lavigne n'aura laissé personne indifférent... je l'ai juste connu une année.. il etait sévere , je ne peux porter que ce jugement là !
Surtout ne cherchons pas à polémiquer autour de son nom et de son personnage ... nous recueillons juste des témoignages...

philippe

J’apprécie énormément la mise au point que Bertrand Pector apporte avec tact et bienveillance pour ramener à des proportions humaines le portrait d’une figure certes pittoresque, mais pas plus monstrueuse que d’autres dans cet univers de l’internat des années 60 plus imprégné de connerie brutale que de sensibilité éducative…
En toute amitié
Robert Parlange

J'ai bien connu ce surveillant professionnel pendant toutes les années que j'ai passées au "bahut" de la 11ème à la terminale, plus une année comme maître auxiliaire en 67/68 (!).
Monsieur Lavigne était le "pion" attitré des classes pilotes (6ème à 3ème) dont je fus l'élève entre 1954/55 et 1957/58 sous l'autorité en 6ème /5ème des profs principaux Jean-Paul Coste et en 4ème /3ème Maurice Pelinq (mon père).
Lavigne était le surveillant attitré des classes pilotes (4ème et 3ème). Il nous accompagnait lors des sortie d' "études du milieu", toujours vêtu d'habits d'une autre époque empruntés à la garde robe de son père décédé. Le "parfum" qu'il dégageait était dû en grande partie au mauvais parfum dont il s'aspergeait abondamment. L'ongle de son index droit était gardé long et il s'en servait pour suivre du doigt les lignes des livres qu'il lisait. Si bien que ses collègues répugnaient à lui en prêter, car il les rendait striés par son ongle sous toutes les lignes.
On le craignait mais on s'en moquait (ses collègues aussi). Avec le recul cet homme m'apparaît plus pathétique que méchant.

merci de ce témoignage